Les sept sages de la fôret de bambous 竹林七贤 (Zhu Lin Qi Xian) était une compagnie spirituelle regroupant des penseurs, écrivains, poètes et musiciens. Ces taoïstes aimaient se réunir à l'ombre des bambous, dans le Shanyang (actuelle la province du Henan), où ils jouissaient d'une vie simple et rustique.
Ce groupe se composait des plus illustres penseurs du IIIème siècle de notre ère.
- Le doyen, Shan Tao (205-283) haut fonctionnaire impérial avant de se retirer
- Xi kang (232-262), philosophe épris de quête d'immortalité
- Xiang Xiu (vers 223-275) philosophe dont l'oeuvre la plus célèbre est ses commentaires sur le Zhuangzi, un des ouvrages de référence du taoïsme
- Ruan Ji (210-263) le plus grand poète de son époque
- Ruan Xian (234-305), musicien. Le luth chinois appelé Ruan est nommé en hommage à Ruan Xian qui fut l'un des joueurs les plus qualifié de cet instrument de musique.
- Liu Ling (221-300), écrivain libertin et alcoolique. Les plus anciennes représentations de lui, sur les tombes à Nanjing, le montrent buvant du vin dans une gourde, et son oeuvre la plus célèbre est un poème intitulé "l'éloge de la vertu du Vin de pays". Une rumeur populaire souvent cité sur Ling Liu affirme qu'il était suivie en permanence par un serviteur portant une bouteille de vin et une pelle, et qui était autant prêt à lui donner du vin sur sa demande qu'a l'enterrer tellement les quantités d'alcool qu'il buvait étaient dangereuses.
- Wang Rong (233-305) général qui se retira des affaires militaires, écoeuré par son époque.
Les sept sages, ou les sept fous selon leurs détracteurs, tenaient à échapper aux intrigues et la corruption étouffante de la cour impériale à laquelle ils auraient pu prétendre appartenir.
Ces lettrés transgressèrent de nombreux tabous : bi-sexualité, ingestion d'alcool en pèriode de deuil, invitation de mendiants à leur table..
Ils écrivirent des poèmes taoïste qui critiquaient l'administration et la justice impériale ainsi que des manuels sur la mystique taoïste et l'alchimie.
Ils ont incarné dans l’imaginaire chinois l’idéal d’une vie libre, le symbole du lettré affranchi du poids des institutions et de l’idéologie impériale.
Xi Kang 嵇康 (223-264)
Chef des « sept sages de la forêt de bambous » 竹林七賢 Zhu-lin qi xian
Poète et musicien mais aussi haut dignitaire il se retira dans un ermitage refusant les compromis liés à sa charge.
il devint alors le chef des « sept sages de la forêt de bambous ».
Retrouvé par ses ennemis, il fut emprisonné puis executé, malgé les 3000 pétitions adressées à sī mǎ zhāo, le régent du royaume.
Xi Kang est resté célèbre pour son attitude face à la mort, qu'il attendit en jouant simplement du luth.
De nombreux écrivains chinois firent apparaître le fantôme de Xi Kang dans leurs ouvrages ; c'est le cas de Shi Nai-an 施耐庵 qui le fait intervenir dans son roman Au bord de l'eau 水浒传 Shuǐ hǔ Zhuàn.
Extrait d'un poème de Xi Kang
« Tristesse obscure », Yeou-fen
Hélas ! j’ai peu de chance ! Enfant, je perdis mon père. Orphelin sans le savoir, Alors que j’étais encore dans les langes,
Ma mère et mon frère aîné m’élevèrent.
Ils étaient bons, ils n’étaient pas sévères ;
Leur amour était indulgent ;
Je n’avais ni réprimande, ni maître. À peine arrivé à l’âge où l’on prend le bonnet et la ceinture,
Confiant en leur bonté, je me laissai aller à mes penchants.
"À vrai dire, ses penchants n’étaient pas bien mauvais ; ils étaient seulement peu conformes à la norme confucéenne et l’entraînaient au taoïsme. Il fit de bonnes études, et ses œuvres montrent une bonne connaissance des Classiques. Comme la plupart des jeunes gens riches... " Extrait de la conférence de Henri Maspero *
*"Le poète HI K'ANG et le club des sept sages de la foret de bambous "
Conférence de Henri Maspéro faite à Bruxelles en février 1940.
Mélanges posthumes..., Publications du Musée Guimet, Paris, 1950, volume II, pages 59-69.
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