En Chine ancienne, le Sous sol était considéré comme propriété des dieux.
Les cimetières étaient situés à l'extérieur des villes et des villages. On ne pouvait pas creuser une tombe sans effectuer certaines démarches, il fallait d'abord honorer les dieux et les esprits locaux et ensuite leur acheter une parcelle de terre pour enterrer le défunt.
Les parents du défunt devait donc choisir une place et signer ensuite un contrat pour acheter la parcelle auprès des dieux et des esprits. Ce contrat mentionnait le nom, les titres et la date du décès du défunt, les dimensions exactes de la parcelle, le prix payé pour le terrain et les signatures des témoins. Les parents plaçaient ensuite le document dans la tombe et honorait celle-ci en payant une certaine somme d'argent. Comme la monnaie physique n'était pas utile dans l'au-delà, les membres de la famille achetaient des feuilles de papier qu'ils découpaient en une certaine quantité de "billets" où étaient inscrits différents montants. Les billets étaient ensuite brûler sur la tombe. Une fois ce rituel accompli, la personne pouvait enfin être enterrée.
L'âme de la personne décédée entamait alors sa traversée qui devait la mener vers la terre des dieux.
Pour faciliter le voyage, des biens funéraires étaient inclus lors de l'enterrement, biens qui comprenaient les objets préférés du mort mais aussi de la nourriture.
Les morts devaient être pleurés un certain temps. Pour les parents et les grands-parents, le minimum était de trois ans au cours desquels on devait porter des vêtements de deuil. Il était interdit d'assister aux fêtes, d' écouter ou de jouer de la musique et, dans le cas des membres du gouvernement, d'aller travailler.
Les fonctionnaires du gouvernement devaient démissionner pendant trois ans lorsqu'un parent ou un grand-parent décédait, et le fait de ne pas signaler un décès aux autorités était passible d'une peine d'exil ou de travaux forcés.
Si l'une de ces règles n'était pas faite correctement observée, l'âme du défunt revenait alors sur terre.
Les âmes errantes
Tous les défunts étaient susceptibles de passer par l’état de gui 鬼 , état qui est celui du mort qui n’a pas encore atteint un autre statut (par la réincarnation, la divinisation, etc.).
Le caractère gui 鬼 qui désigne le fantôme ou le revenant signifie un retour vers un état antérieur à la vie.
Les gui de ceux qui ont eu une triste fin (exécution, pendaison, suicide, etc.) peuvent demander aux autorités des enfers la permission de se venger.
La croyance en ce type de revenants eut un impact significatif sur la culture chinoise, dans la littérature mais aussi dans le théâtre qui regorgent de récits de jeunes gens qui oublient leurs compagnes ou les trahissent et sont dès lors poursuivis par leurs fantômes.
L’histoire de Wang Kui et de Jiao Guiyingen en est une illustration.
Wang Kui était un lettré pauvre recueilli par une courtisane vertueuse. Lorsqu’il la quitta pour aller passer ses examens, il lui jura dans le temple du dieu de la Mer de toujours rester fidèle. Pourtant, ayant réussi les examens et tenté par un riche parti il renia sa promesse par une lettre humiliante. Désespérée, Jiao Guiying se pendît dans le temple même. Les dieux, courroucés, permirent alors à son fantôme accompagné de sbires infernaux d’aller saisir vivant son amant.
Toutefois certains gui avaient un destin moins tragique et furent même divinisés comme Guan Yu 關羽 (160 - 220) personnage historique des Trois Royaumes (220 – 265).
Général fidèle et dévoué à son suzerain, il commit une erreur stratégique et se fit capturer par ses ennemis qui lui tranchèrent la tête. Pour se venger de cette mort humiliante pour un guerrier,
Guan Yu à la tête d’une armée de démons déclencha alors une suite de catastrophes . Finalement après avoir été apaisé, il fut promu marquis, puis duc sous les Song (960 – 1127) avant de recevoir sous les Qing (1644-1911) le titre d’empereur.
Comment se protéger des fantômes
La peur des fantômes a donné lieu à de nombreuses pratiques et rituels pour s'en protéger.
On construisit ainsi de fausses façades à l'extérieur des portes d'entrée des maisons pour tromper les fantômes qui étaient parait- il incapables de trouver la véritable porte.
On croyait que les fantômes, et surtout les jiangshi* ne pouvaient voyager qu'en ligne droite, et c'est pourquoi on construisit des routes sinueuses pour que les fantômes ne puissent pas les hanter. Les accidents sur les routes en Chine étaient souvent attribués à des fantômes.
Les dieux protecteurs connus sous le nom de 門神 ménshén étaient également invoqués. Les ménshén dieux du sommeil paisible étaient souvent peints de part et d'autre d'une porte pour se protéger contre les démons maléfiques ou les fantômes. Ce sont généralement Qin Shubao et Hu Jingde, deux généraux de l'empereur Taizong des Tang, qui remplissaient ce rôle occupé précédemment par Shenshu 神荼 et Yulei 郁垒 dieux des portes dans l'antiquité qui empêchaient les revenants de sortir du monde des morts pour aller errer sur terre parmi les hommes.
Les chiens étaient également reconnu comme des esprits protecteurs contre les fantômes, ils étaient tués et enterrés devant une maison pour que leur esprit puisse éloigner les fantômes. On trouve aujourd'hui encore des statues de chien devant la porte d'entrée des maisons.
Mais la meilleure défense contre les fantômes était de vivre une vie exemplaire.
Un respect juste devait être accordé à ses parents, supérieurs et ancêtres afin qu'ils ne se sentent pas lésés après la mort.
Plus important encore, les pratiques d'inhumation appropriées devaient toujours être respectées, peu importe le coût ou les ennuis que cela devaient impliquer par la suite .
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Le Jiangshi *est une créature fabuleuse qui apparait dans la culture chinoise. Il s'agit d'un cadavre partiellement animé, un corps qui a conservé un ultime souffle humain et qui cherche à aspirer la vie. Il s'avère donc souvent dangereux car il tente de dévorer les vivants ou de se nourrir de leur souffle vital, le qi.
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