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Photo du rédacteurOrnella Crépin

L'histoire extraordinaire Zhāng Sānfēng fondateur du Taiji Quan 太极拳

Beaucoup d'entre nous ont entendu parler de l'art martial chinois Tàijí Quán太极拳, ou plus familièrement connu sous le nom de Tàijí ou Tai Chi 太极. Mais connaissez vous son fondateur Zhāng Sānfēng 张三丰 ?


Biographie/ légende


Zhāng Sānfēng, fondateur du Tai Chi est un moine taoïste, spécialiste des arts martiaux internes nèijiā * 内家 .


Si la date de naissance de Zhāng Sānfēng est très approximative (entre la période des Song et le début des Ming) ,

De nombreuses légendes circulent sur Zhāng notamment sur sa naissance et son enfance, ainsi la mère de Zhāng aurait rêvée avant d'accoucher d'une divinité faisant appel à une grue immortelle.

Autre légende ou fait historique non avéré : A l'âge de cinq ans, Zhāng se met à perdre peu à peu la vue, remarqué par un prêtre taoïste, Zhang Yun-An , celui fait une proposition aux parents "Votre fils a des qualités innées extraordinaires pour la culture taoïste mais les mauvais esprits lui font perdre la vue. Laissez - moi lui apprendre le Tao, je le ramènerai chez vous quand sa vue sera rétablie."

Doué d'une grande mémoire Zhāng apprends alors très vite les classiques du taoïsme, du confucianisme et du bouddhisme. En l'espace de six mois, il retrouve la vue, mais décide de rester sept ans de plus avant de retourner chez ses parents.


Le chemin vers l'immortalité taoïste

À l'âge adulte, Zhāng ayant réussit les examens impériaux devient magistrat de comté. A la mort de ses parents il décide de quitter sa fonction pour partir en quête du Tao. Pendant les trois décennies suivantes, il voyage parmi les diverses montagnes légendaires de Chine, mais ne trouve aucune réponse à sa recherche.

Enfin, à 67 ans, Zhāng rencontre dans les montagnes de Zhongnan 中南, le légendaire taoïste Huolong Zhen Ren 火龙真人 "Dragon de feu "qui lui apprend alors l'essentiel de la culture interne et de l'alchimie.

Zhāng se donne alors le nom taoïste Zhāng Sānfēng (trois sommets), d'après les trois pics montagneux de Bǎojī dont la beauté l'impressionne.

Dix autres années s'écoule encore avant que Zhāng n'arrive aux monts wǔdāng 武当山, où il pratique le Tao durant neuf années consécutives avant d'atteindre enfin l'illumination.


Une variante de sa légende en fait un ancien moine de Shaolin, une autre variante encore en fait un condisciple de Liu Bingzhong (1216-1274), personnage politique important du début de la dynastie Yuan.

À quoi ressemblait Zhāng Sānfēng?

Les archives historiques décrivent Zhāng comme un homme particulier.

« Il était grand, d’imposante apparence, il portait les signes classiques de longévité, c'est-à-dire ceux de la tortue et de la grue. Il avait de grandes oreilles et des yeux ronds. Sa barbe se hérissait furieusement comme la lame d’une hallebarde. Été comme hiver, il portait un simple vêtement ». Surnommé "Zhang Le malpropre" Zhang Lata 张邋遢, il est souvent représenté en tenue de moine avec un chapeau de paille dans le dos.

On dit aussi de Zhāng Sānfēng qu'il aurait vécu 200 ans.*


Un endroit où nous pouvons trouver retranscrites de nombreuses légendes sacrées de Zhāng est le temple Jintai dans les montagnes Baoji, où Zhang a passé de nombreuses années à pratiquer le Tao.

L'enceinte du temple contient une plaque de la dynastie Ming en sa mémoire.

La naissance du Tai Chi

Les arts martiaux chinois issus des méthodes de culture bouddhistes et taoïstes peuvent principalement être classés en deux écoles : Shaolin et Wudang, qui sont respectivement populaires dans le sud et le nord de la Chine.

Zhāng Sānfēng installé dans les monts wǔdāng* aurait développer " l' école de Wudang" 武当派, wǔdāng pài.

Wudang Wushu, également connu sous le nom de Neijiaquan

Le Wǔdāng, 武当 met l'accent sur la force interne et l'utilisation de la douceur et du calme pour conquérir la force.

Certaines anecdotes disent que Zhang se serait inspiré de la bataille entre un serpent et un oiseau pour développer son art. « Un jour que l’ermite Zhang Sanfeng était à la fenêtre de sa hutte sur le mont Wudang, son attention fut attirée par le cri étrange d’un oiseau. Se penchant, il vit une pie effrayée descendre d’un arbre au pied duquel se trouvait un serpent. Un duel s’ensuivit, et la pie fut vaincue par le serpent, ce dernier combattant en souplesse et avec des déplacements curvilignes. Zhang Sanfeng comprit alors la suprématie de la souplesse sur la rigidité, l’importance de l’alternance du Yin-Yang et d’autres conceptions qui ont formé la base du Taijiquan. C’est à la suite de cet incident qu’il élabora le Taijiquan, application des principes du TaiJi. »


En fusionnant les arts martiaux avec des méthodes de culture interne telles que la direction du Qi et les méthodes de respiration, Zhāng Sānfēng a transformé les arts martiaux traditionnels et externes en une pratique interne qui a permis l'amélioration de la santé et la culture du Tao. Non seulement ils pouvaient être utilisés pour l'autodéfense, mais ils pouvaient aussi prolonger la vie.

Mais plus important encore, le Tai-Chi de Zhāng ne consistait pas seulement à exercer le corps, mais à améliorer son esprit et son caractère moral. Sans cultiver l'esprit, les exercices de Tai Chi seuls ne suffisent pas à améliorer le corps. Un recueil des supposés écrits de Zhāng l'Intégrale de Zhāng Sānfēng 張三丰先生全集 a été rassemblé par Li Xiyue*, fondateur d'une secte importante qui prétendait avoir reçu de lui un enseignement secret. Ces textes ne sont pas directement liés aux arts martiaux, mais témoignent d'un taoïsme typique de la période post-Tang : accentuation sur le travail du 性 xìng et du 命 mìng par l'alchimie interne, syncrétisme des Trois enseignements (taoïsme, confucianisme et bouddhisme) et importance de la morale.

On y trouve aussi une base théorique pour les pratiques sexuelles Yīnyáng shuāngxiū 阴阳双修.

Zhang savait exactement ce que voulait l'empereur : pour un homme qui avait tout, l'empereur devait rechercher la longévité.

Au fur et à mesure que la renommée de Zhang grandissait, de nombreux empereurs de la dynastie Ming tentèrent en vain de le rencontrer. Le premier empereur Ming, l'empereur Hóngwǔ 洪武 envoya ses propres fils à sa recherche mais vainement .

Le troisième empereur, l'empereur Yǒnglè 永乐帝 envoya une note écrite personnellement exprimant sa profonde admiration pour Zhang et son désir de le rencontrer.

Zhang refusa de rencontrer l'empereur mais répondit par un poème où

Il divulgua certains secrets de la longévité : il faut calmer l'esprit et renoncer aux désirs mondains. L'empereur Yǒnglè en remerciement aurait ainsi ordonné la construction de huit palais, deux temples taoïstes, trente-six couvents et soixante-douze temples rupestres sur les monts Wudang.

Aujourd'hui, ces magnifiques bâtiments, entourés par la végétation luxuriante des montagnes, sont devenus un site du patrimoine mondial de l'UNESCO.


Bien que le sage Zhāng Sānfēng lui-même ne soit plus là, il a laissé de nombreuses traces de son héritage. Le plus répandu de tous étant le Tai Chi, pratiqué aujourd'hui dans le monde entier sous des styles différents.


 

*Les arts martiaux internes également appelés arts du poing interne ou neijia quan (du chinois 内家拳 nèijiā quán) sont une catégorie rassemblant différents styles d'arts martiaux chinois ou asiatiques, focalisés sur les aspects mentaux, spirituels et l'énergie (qi), et se définissant par opposition aux arts martiaux dits « externes ». Cette distinction remonte au XVIIe siècle mais a surtout été popularisée dans les années 1915-1928 lors de l'organisation de compétitions martiales.
Cette catégorie est parfois désignée comme arts wudang ou styles wudang (wudang quan), d'après leur association légendaire avec les monastères taoïstes du mont Wudang.

*La majorité des écoles de Tai-Chi en fait un personnage de la dynastie Song, mais selon la plupart des sources et écoles taoïstes, son existence se situerait entre la fin des Yuan et le début des Ming.
*Il existerait deux Zhang Sanfeng : un spécialiste d'arts martiaux, et un taoïste de la mouvance Quanzhen. Ce dernier aurait eu pour nom Junbao 君寶 ou Quanyi 全一, et serait originaire de la ville de Yizhou. La version qui le fait vivre sous les Song prétend qu'il défit à lui seul une centaine de bandits à la demande de l'empereur Huizong.

*Les monts « Wudang », qui s’élèvent au nord-ouest de la province du Hubei, sont encore aujourd'hui un des quatre principaux centres du culte taoïste en Chine, ainsi que le foyer légendaire du courant des arts martiaux internes. Cette chaîne de montagnes compte 72 pics dont le point culminant s’élève à 1612m. Elle est parsemée de temples d’architecture Ming et Qing et de monastères où les adeptes taoïstes, homme et femmes, mènent une vie active.

*Dans le taoïsme, xìng et mìng sont deux concepts interdépendants xìng et mìng représentent non seulement deux aspects différents du corps~esprit mais aussi deux modes différents de culture de soi.

*Li Xiyue (1806-1856) était un célèbre maître d'alchimie intérieure (內丹 Neidan) de la dynastie Qing (1644-1911).Selon la légende, Li a appris les formules essentielles de Zhang Sanfeng et Lu Dongbin.
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